• Le grand-duc (thème "oiseaux ou insectes")

                          Bernard Dimey

    Les grands oiseaux de nuit se dressent en silence

    Toisant avec mépris de leurs yeux arrondis

    La folie des humains essoufflés par la danse

    Sans comprendre pourquoi ces fous les ont maudits.

     

    Ils règnent sur la nuit, la violent, la traversent,

    Savourant le silence ou le perçant d'un cri,

    Jusqu'à l'heure où le jour et la nuit se renversent

    Quand les engoulevents regagnent leurs abris.

     

    Les oiseaux du malheur crucifiés sur les portes

    Par la stupidité des animaux humains

    N'ont jamais su pourquoi la jeune femme est morte

    Ni quel mal inconnu a desséché ses mains.

     

    Le grand-duc a connu toutes les nuits du monde.

    Comment n'aurait-il pas ce masque de mépris ?

    Il connaît le sabbat des femelles immondes

    Et le rictus idiot de l'amour à tout prix.

     

    Il connaît le rôdeur et l'envers de sa peau

    L'œil glacé des Vénus qui s'acharnent à plaire,

    Brebis cent fois mordues rejoignant le troupeau

    Quand l'oiseau de ténèbres a rejoint son repaire.

     

    Tous les oiseaux de nuit s'endorment à l'aurore,

    À l'heure où je regagne ma chambre d'hôtel,

    Mais la nuit reviendra pour nous reprendre encore

    Jusqu'à la fin des fins qui guette les mortels.

     

    Bernard Dimey (chapitre "Bestiaire de nulle part", dans le recueil "Je ne dirai pas tout" Ed Christian Pirot)


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