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    Les seins gonflés des filles posés sur la corbeille
    D'un corsage ent'ouvert pour le client d'un soir,
    La Tirelire du Sexe où coulent la groseille,
    Les cascades de stupre, les torrents de dollars...
    "A table! A table!"
    
    Le hippy qu'on bastonne, l'immigré qu'on arrête,
    Le suspect qu'on réchauffe, un nuit, au mitard,
    Le clodo qu'en peut plus de cracher son arête
    A défaut de pouvoir dégueuler du caviar…
    "A table! A table!"
    
    Les curés sans soutane, les bonnes sœurs sans cornette,
    Toujours en liberté l'aut're dingue au Vatican,
    Et Jésus qu'en a marre de servir de dînette
    Au troupeau cul-béni des derniers communiants...
    "A table! A table!"
    
    Les scandales étouffés dans les boudoirs des princes,
    Les partouzes royales dans les riches hôtels:
    Faut montrer culotte blanche au fond de nos provinces
    Pour pouvoir aérer sa vertu au bordel...
    "A table! A table!"
    
    Tout un peuple d'ivrognes défoncé au pinard
    Qui dénonce les "drogues" en redressant la tête,
    Parc'que des malheureux veulent prendre leur panard
    Sur les nuages bleus de quelque autre planète...
    "A table! A table!"
    
    Le Monde qu'on découpe en tranches, entre chacals,
    Comme un poulet chétif, comme un tendre faisan,
    Une cuisse à New-York, une cuisse à l'Oural
    Et la carcasse morte aux pigeons indigents...
    "A table! A table!"
    
    Un pain-perdu sauvé du fourneau de l'enfance
    Que je garde en mon cœur pour tous les Jean Valjean,
    Et ma bouche affamée de toi, mon Innocence,
    En attendant que tinte la Cloche du Néant...
    "A table! A table!"
    Henri Tachan

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  •                                   Jean ferrat

    Le vent dans tes cheveux blonds
    Le soleil à l’horizon
    Quelques mots d’une chanson
    Que c’est beau, c’est beau la vie

    Un oiseau qui fait la roue
    Sur un arbre déjà roux
    Et son cri par dessus tout
    Que c’est beau, c’est beau la vie.

    Tout ce qui tremble et palpite
    Tout ce qui lutte et se bat
    Tout ce que j’ai cru trop vite
    A jamais perdu pour moi

    Pouvoir encore regarder
    Pouvoir encore écouter
    Et surtout pouvoir chanter
    Que c’est beau, c’est beau la vie.

    Le jazz ouvert dans la nuit
    Sa trompette qui nous suit
    Dans une rue de Paris
    Que c’est beau, c’est beau la vie.

    La rouge fleur éclatée
    D’un néon qui fait trembler
    Nos deux ombres étonnées
    Que c’est beau, c’est beau la vie.

    Tout ce que j’ai failli perdre
    Tout ce qui m’est redonné
    Aujourd’hui me monte aux lèvres
    En cette fin de journée

    Pouvoir encore partager
    Ma jeunesse, mes idées
    Avec l’amour retrouvé
    Que c’est beau, c’est beau la vie.

    Pouvoir encore te parler
    Pouvoir encore t’embrasser
    Te le dire et le chanter
    Oui c’est beau, c’est beau la vie.


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  •                                        Jacques Brel 

    Voilà que l'on se cache
    Quand se lève le vent
    De peur qu'il ne nous pousse
    Vers des combats trop rudes
    Voilà que l'on se cache
    Dans chaque amour naissant
    Qui nous dit après l'autre
    Je suis la certitude
    Voilà que l'on se cache
    Que notre ombre un instant
    Pour mieux fuir l'inquiétude
    Soit l'ombre d'un enfant
    L'ombre des habitudes
    Qu'on a plantées en nous
    Quand nous avions vingt ans

    Serait-il impossible de vivre debout

    Voilà qu'on s'agenouille
    D'être à moitié tombé
    Sous l'incroyable poids
    De nos croix illusoires
    Voilà qu'on s'agenouille
    Et déjà retombé
    Pour avoir été grand
    L'espace d'un miroir
    Voilà qu'on s'agenouille
    Alors que notre espoir
    Se réduit à prier
    Alors qu'il est trop tard
    Qu'on ne peut plus gagner
    A tous ces rendez-vous
    Que nous avons manqués

    Serait-il impossible de vivre debout

    Voilà que l'on se couche
    Pour la moindre amourette
    Pour la moindre fleurette
    A qui l'on dit toujours
    Voilà que l'on se couche
    Pour mieux perdre la tête
    Pour mieux brûler l'ennui
    A des reflets d'amour
    Voilà que l'on se couche
    De l'envie qui s'arrête
    De prolonger le jour
    Pour mieux faire notre cour
    A la mort qui s'apprête
    Pour être jusqu'au bout
    Notre propre défaite

    Serait-il impossible de vivre debout

     


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