•                            Claude Nougaro 

          

    C'est tout un poème de taire les mots

    Je reste sans mots devant ce poème

    Le silence est plein d'un petit oiseau

    Qui dit : je t'aime

     

    Ah ! Chanter, chanter sans dire un seul mot

    Chanter à la brise

    Comme devait chanter sans dire un seul mot

    Saint-François d'Assise

     

    C'est tout un poème de savoir se taire

    Que dire de mieux devant le mystère

    Le silence est plein de cri infini

    Dont j'ai fait mon nid

     

    Fais l'essai toi-même d'un poème immense :

    Chanter sans un mot quant la terre danse

    Dans cette abstinence, un seul mot survit

    C'est le mot : merci.


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  •                                       Salvatore ADAMO 

    Le drapeau de tes yeux
    Flottait dans le ciel de Berlin
    Ce jour-là
    Des bourgeons farfelus
    S'ouvraient aux arbres de l'hiver
    Une musique inconnue
    Pas militaire... pas militaire
    Flânait dans l'air
    En liberté enfin

    Liebe, liebe
    Mon impossible amour
    Enfin libre
    Il est venu le jour

    Tu peux rire et chanter
    Plus rien n'arrêtera ta voix
    Tu peux même rêver
    Toi et moi sous le même toit

    Tu m'as tendu les bras
    Debout sur le mur de Berlin
    Ce jour-là
    Comme un radeau
    Qui avait vaincu l'océan
    A la force de l'espoir
    Parce qu'il fallait changer l'histoire
    Pour ceux qui, au prix de leur vie
    Ont tracé le chemin

    Liebe, liebe
    Mon impossible amour
    Enfin libre
    Il est venu le jour

    Les années de silence
    Les ombres qui guettaient nos pas
    Les larmes de l'absence
    Il faut vite oublier tout ça

    Tu peux rire et chanter
    Plus rien n'arrêtera ta voix
    Tu peux même rêver
    Toi et moi sous le même toit

    Liebe, liebe
    Mon impossible amour
    Enfin libre
    Il est venu le jour
    Enfin libre


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  •                                  Poème de Henri Tachan

    Mille poètes ont rêvé mille jours,
    Chantant, l'été, les fontaines jolies,
    Les soirées d'août, les aurore pâlies,
    Les nuits d'étoiles plus chaudes que les jours...
    
    Mille poètes ont rêvé mille jours,
    Pleurant, l'automne, au fond des forêts rousses,
    Aux sanglots sourds de la pluie sur la mousse,
    A la chute des feuilles, à la chute des jours...
    
    Mille poètes ont rêvé mille jours,
    Tressant, l'hiver, les tapis blancs des cours,
    Sculptant sans cesse la neige blême de leurs doigts gourds
    En statues immortelles au frileux abat-jour...
    
    Mille poètes ont rêvé si longtemps
    De printemps,
    Mille poètes ont rêvé mille étés
    D'éternité,
    Mille poètes ont rêvé mille années...
    
    Et tu es née...

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  •       Bernard DIMEY

    Si tu me payes un verre, je n’te demand’rai pas
    Où tu vas, d’où tu viens, si tu sors de cabane,
    Si ta femme est jolie ou si tu n’en as pas,
    Si tu traînes tout seul avec un coeur en panne.
    Je ne te dirai rien, je te contemplerai.
    Nous dirons quelques mots en prenant nos distances,
    Nous viderons nos verres et je repartirai
    Avec un peu de toi pour meubler mon silence.

    Si tu me payes un verre, tu pourras si tu veux
    Me raconter ta vie, en faire une épopée
    En faire un opéra… J’entrerai dans ton jeu
    Je saurai sans effort me mettre à ta portée
    Je réinventerai des sourir’ de gamin
    J’en ferai des bouquets, j’en ferai des guirlandes
    Je te les offrirai en te serrant la main
    Il ne te reste plus qu’à passer la commande

    Si tu me payes un verre, que j’aie très soif ou pas,
    Je te regarderai comme on regarde un frère,
    Un peu comme le Christ à son dernier repas.
    Comme lui je dirai deux vérités premières :
    Il faut savoir s’aimer malgré la gueul’ qu’on a
    Et ne jamais juger le bon ni la canaille.
    Si tu me payes un verre, je ne t’en voudrai pas
    De n’être rien du tout… Je ne suis rien qui vaille !

    Si tu me payes un verre, on ira jusqu’au bout,
    Tu seras mon ami au moins quelques secondes.
    Nous referons le monde, oscillants mais debout,
    Heureux de découvrir que si la terre est ronde
    On est aussi ronds qu’elle et qu’on s’en porte bien.
    Tu cherchais dans la foule une voix qui réponde,
    Alors, paye ton verre et je paierai le mien,
    Nous serons les cocus les plus heureux du monde.


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  •  

    Soyez bon pour le Poète,
    Le plus doux des animaux,
    Nous prêtant son cœur, sa tête,
    Incorporant tous nos maux,
    Il se fait notre jumeau ;
    Au désert de l’épithète,
    Il précède les prophètes
    Sur son douloureux chameau ;
    Il fréquente, très honnête,
    La misère et ses tombeaux,
    Donnant pour nous, bonne bête,
    Son pauvre corps aux corbeaux ;
    Il traduit en langue nette
    Nos infinitésimaux,
    Ah ! donnons-lui, pour sa fête,
    La casquette d’interprète ! 
                                                     JULES SUPERVIELLE •• « SOYEZ BON POUR LE POÈTE… »  Georges Moustaki


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